"L'hôpital": ce mot seul évoque un lieu où le silence domine, des chuchotements, des pas étouffés... quelquefois se fait entendre le bruit d'une porte qui grince ou l'appel d'un médecin à travers un haut-parleur....
"La musique": ce mot seul évoque un ensemble de sons qu'émet un instrument spécialement conçu pour cela et qui permet à tout être qui l'écoute de briser les frontières et s'évader moralement du lieu où il se trouve pour rêver, imaginer, participer, créer (consulter les vidéos en cliquant ici).
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La musique à l'hôpital semble être une gageure et pourtant…
Rien n'est plus émouvant que de voir arriver ces petits malades, certains ayant subi de lourdes interventions, inquiets au début, surpris ensuite, puis totalement apprivoisés par cette ambiance musicale qui les fait entrer dans une sorte de grande bulle dans laquelle ils vont oublier la raison de leur séjour dans cet établissement hospitalier, la souffrance qui les habite, et l'éloignement de leur milieu familial.
Groupés autour du musicien-animateur, ils écoutent, chantent, s'emparent d'un petit instrument qui leur est tendu, et le frappent, le frottent, ou le secouent suivant le rythme de la musique.
Quelquefois un enfant s'approche timidement de la guitare, du violon ou du violoncelle, pince une corde, et stimulé par le musicien, il improvise une longue phrase musicale, accompagné par les autres petits malades.
Des onomatopées chantées se mêlent aux sons des instruments. Peu à peu tout ce petit monde entre dans le jeu. Les éducatrices ne peuvent que s'y joindre également et au cours de ce moment musical, qui peut parfois durer longtemps, les parents, qui assistent à ces séances, sont tentés également d'y participer. Un instrument dans la main, ils accompagnent et chantent avec leur enfant, heureux de les voir se détendre, rire, et ainsi oublier les moments douloureux qui ont précédé ou qui vont suivre ce temps parenthèse de leur hospitalisation.
Si l'enfant est fatigué, il se lève et s'en va. Il n'est pas obligé, rien ni personne ne le retient, et cette liberté fait qu'il revient souvent.
Il y a aussi l'enfant qui ne veut pas se séparer de son instrument. Cet objet sonore devient son "copain", son confident. Il le serre contre lui. Il a alors la possibilité de le garder et l'emmener avec lui dans sa chambre jusqu'à sa prochaine rencontre avec le musicien-animateur.
Et il y a l'enfant malade immobilisé qui ne peut pas venir rejoindre les autres enfants dans le lieu qui leur est réservé. Le musicien-animateur va donc dans la chambre même du petit alité. Commence alors à naître une sorte complicité entre cet intervenant extérieur qui se déplace spécialement pour lui et qui, en plus, apporte tout un matériel qui semble magique puisque sans être musicien il est possible, dans un temps très court, de participer d'une manière active à une création musicale.
Se déroule alors un merveilleux voyage à travers la musique. Que ce soit "la fourmi rouge" que l'on entend tomber de tout son poids "dans le bol de café au lait", que ce soit en rythmant avec des maracas une samba endiablée, ou une chanson douce qui calme et qui fait rêver. Tout est prétexte à "jouer": jouer en chantant, jouer en écoutant, jouer en racontant, car le conte est aussi un moment merveilleux, et qui ne devient que plus présent quand on y ajoute une ambiance sonore créée et interprétée par les enfants.
Quel que soit l'état physique dans lequel se trouve l'enfant, le contact qu'il a avec l'objet sonore, l'impression qu'il devient quelqu'un d'important par le fait de diriger, selon son état d'âme, l'ambiance musicale autour de lui, la possibilité de ne plus être celui qui subit, de devenir un être pensant à qui l'on demande de participer, d'imaginer, voire de composer, le fait qu'il ne soit plus entouré de blouses blanches, mais qu'il ait près de lui un "musicien" homme ou femme, qui interprète, pour lui, un passage musical d'un compositeur connu ou inconnu, et quelquefois la surprise d'entendre son prénom mélangé aux paroles d'une chanson, tout cela apporte à l'enfant malade un "ballon d'oxygène" qui ne peut que l'aider à mieux supporter les moments douloureux qu'il subit.
La musique à l'hôpital pour et avec les enfants, est un moment privilégié.
Une psychologue nous dit qu'après le passage de nos musiciens-animateurs, le petit malade accepte et supporte mieux les soins.
Ce témoignage est déjà un succès.